Le ventre de Paris
Bon je voudrais pas abuser et avoir l'air de me plaindre, ma vie c'est quand même pas du Zola, non, non, non... mais se lever à 3h15 du matin c'est vraiment pas humain. Bon d'accord, c'était pour la bonne cause, mais quand même !!
Ce matin, direction la quatrième dimension : Rungis.
La petite troupe au complet s'est installée dans le car aux alentour de 4h30 Porte d'Auteuil pour un aller-simple vers le Ventre de Paris. En fait, je devrais plutôt dire le Ventre de la France, puisque maintenant Rungis (le plus grand marché de produits frais du monde) étend son rayonnement à la France entière, voire à l'Europe ! Le M.I.N. de Rungis est une petite ville en soi, avec des rues, des restaurants, des banques, des pompes à essences et même des vendeurs de voitures. Le trafic y est intense à l'extérieur... comme à l'intérieur des pavillons.
Nous avons commencé notre visite par le pavillon de la Marée, qui est le premier à fermer (horaires d'ouverture : 2h-7h). Quand nous y arrivons, il est déjà 5h15 et les dernières ventes se concluent. Les stands sont quasi-vides et le nettoyage commence. Comme partout à Rungis aucun prix n'est affiché : c'est lors d'une discussion murmurée (ça négocie sec) avec l'homme-au-petit-carnet que le prix final est établi... il va sans dire qu'il vaut mieux être connu !
Malgré l'heure tardive, il reste encore des produits de bonne qualité (thons blancs, saint-pierres, sardines...) mais presque plus de crustacé ou de fruits de mer.... Ils seront recouverts de glace et entreposés dans les frigos des vendeurs pour être représentés à la vente le lendemain (selon l'état de fraîcheur I presume :D ).
Il fait encore nuit quand nous sortons, heureusement l'Ecole a tout prévu : une petite collation improvisée est sortie des sacs à notre retour au car. Fabrication Lenôtre, bien entendu (café, cakes et pains de Gènes)... Nous ressemblons un peu à des fous échappés d'un hôpital psychiatrique avec nos blouses de protection en plastique qui volent au gré du vent, mais tant pis ! on rigole et on se baffre sur le parking.
Nous enchaînons avec les produits carnés : viandes rouges, volailles, porc (habituellement séparé du reste) et enfin triperie. Je suis étonnée de ne pas être dérangée par les odeurs dans les halls réfrigérés et ventilés. Il faut dire que Rungis est bien différent des marchés que j'ai pu visiter au Guatemala, au Maroc ou même en Indonésie ! Nous chahutons avec les garçons bouchers qui ont la langue bien pendue et l'humeur grivoise. Yoshiko et Hié-Wan (nos consoeurs japonaise et coréenne) ont les joues rouges... Aaaah l'humour finaud des milieux masculins un peu brut de décoffrage... (nostalgie, soupir ;-D ).
C'est au tour des fruits et légumes (et les fleurs). Même si on est relativement habitués à ce genre d'ambiance sur les marchés, on n'oublie pas qu'ici c'est tout d'abord un marché de gros. Les acheteurs se déplacent en vélo dans les allées et entre les différents halls. Aujourd'hui c'est assez calme. Les vacances ne sont pas encore finies et la grosse journée tombe le vendredi en prévision du week-end. Il faudrait revenir pour voir la ruche s'activer... malheureusement Rungis n'est ouvert qu'aux professionnels... quel dommage (surtout au regard des prix, qu'il ne vaut mieux pas demander, sous peine d'arrêter tout de suite les relations avec nos commerçants préférés) !
Enfin nous terminons par les produits laitiers. Les produits du terroir côtoient la crèmerie industrielle, c'est assez surprenant sur un marché de frais, mais bon... Les fromages à pâte molle sont rangés à l'envers afin de ne pas creuser le dessus ! Eh oui, qui s'inquièterait d'un creux sous un camembert, hein ? Notre attention se relâche (cela fait bientôt 4h que nous sommes là à déambuler dans les allées) et nous soudoyons les gentilles crémières pour nous faire déguster. Une vive discussion s'engage entre français et une étudiante Lenôtre canadienne qui nous accompagne : nous soutenons que la France est le pays du fromage, elle nous affirme que les autres pays produisent bien autant de variétés que nous ! Crédieu ! Le chauvinisme et la mauvaise foi fusent et auront raison de notre discussion ! Nous concluons que nous sommes d'accord de n'être pas d'accord... la question me trotte dans la tête quand même... il faudra que je me renseigne... (peut-être chez Manu de "Tout un fromage" ?).
Notre visite s'achève vers 9h30. Nous sommes invités à un typique "petit-déjeuner Rungis" : café, croissants, tartines, steacks frites et assiète de charcuterie ! Aïe aïe aïe c'est bon !
De retour chez moi à 14h00 (après diverses visites de restaurants et boutiques du groupe) ... je suis vannée ! Je vous l'dit comme je l'pense : cette nouvelle vie est un enfer, non ?
A très bientôt pour d'autres restaventures !
Fred